Par quel miracle savoir lequel ce sera, dans un délai aussi raisonnable que vingt ans, aussi fou qu’un siècle, aussi photonique qu’une dizaine de milliards d’années ? Mais : « Au regard de la pensée logique, le miracle serait une tragédie »(citation approximative de La Symphonie tombée du Ciel d’Emmanuel Achache)
Au moment où Madame Sandrine Helwig m’annonce qu’elle adore peindre, il me revient en mémoire, comme un immense bruit de silence gourmand, ces heures de celles et de ceux qui préparent la fortune future des réjouis de la crèche muséale et, des avertis. Quel prix fou vaudront un jour les travaux d’eux tous•tes ?
Déjà les musées en ont consacré un sacré lot, de Tomi Ungerer à Sophie Taeuber-Arp, et faut dire qu’y a une belle équipe de pécheurs-cueilleurs aux balcons banquiers rhénans… Ça date pas d’hier…
C’est comme si l’Rhin voulait jouer dans la grande cour picturale des Flandres. Les flamands , ces fous de peinture. Y a des gloires ici aussi, quoi, plus que ne le voudrait une statistique mondiale égalitaire. Du concentré :
Et des gloires rhénanes, même en BD (Blutch, rien qu’ça : les sujets belges ont qu’à bien se tenir !)
Et puis évidemment Tomi Ungerer :
Été 2015.
En passant, tout près de la cathédrale, devant l’ancienne vitrine de je ne sais plus quoi de ce qui fut un jour on ne sait vraiment plus quel magasin – et qui pourtant avait été luxueusement décoré d’un trompe-l’œil…
Le souvenir d’un peintre, qui peut-être en aurait fait les décors, me revient comme une ombre. Si c’est bien lui. Auteur de cent tableaux rigolards, je me souviens qu’il gagnait sa croûte en animant pour le Docteur Bréjeon, l’atelier d’ergothérapie d’un service psy. Il est mort discrètement, il y a un ou deux ans. Aussi différent que possible de tous les autres peintres. Était-ce bien lui ? Il faudrait que je m’approche de cette déco pour en être sûr.
J’aimerais, tant celui qui a disparu était modeste, que les traces laissées par son travail puisse faire oracle d’un triomphe futur, de la gloire en-soi. Le sien, son triomphe enfin, d’artiste jamais décrypté. Il resurgirait un beau jour du fleuve des temps comme un trésor, et son souvenir au moins savourerait les triomphes que savourent de leur vivant ceux qui font la joie des galeristes, des grands musées, des banques. Mais qui croit encore aux divinités aimables de la Fortune ?
Qui soupçonnerait, en l’oublié de l’échoppe palimpseste, un futur lauréat, véritablement olympien. Comment me souviendrais- je de l’aspect qu’eût la boutique au début ? Mais qui, bon dieu de la mémoire, l’avait décorée, cette boutique, il y a quelques dizaines d’années à peine, rue des sœurs, face à une placette créée par un bombardement, la place Matthias Mérian ?
Or voici : si le souvenir précisément en est incroyablement effacé de ma propre mémoire, il ne reste quasiment rien des décors initiaux.
Il y a trois ans j’avais déjà pris en passant une photo de cette devanture de l’énigme abandonnée de bon gré par des ans l’outrage. Mais voilà : si l’auteur en est bien celui auquel je pense, il a dû se régaler en la voyant se métamorphoser sans cesse. Il adorait l’usure des murs recouverts d’affiche qu’il allait reluquer en Inde.
La vitrine décatie est un travail des moires. Aussi, ignorante comme moi des enjeux qui travestissent le quotidien en comédie de boulevard ou en tragédie, la décoration palimpseste de la vitrine répond au regard de l’artiste oublié. Les désirs posés sur la dégradation des murs qu’il observa en Inde, et avec quelle attention ! Et du coup les hypothèses se bousculent, lequel, mais lequel des artistes d’ici donnera le ton des futurs ? Ils sont comme les chevaux au départ d’une odyssée antique, vers les incertitudes de la mer aux larges voies, vers les naufrages ou les bruits de batailles. Ô Moires ! (L’hymne orphique aux Moires résonne en moi je vais le dérouler dans un instant enfin sa traduction)
Je ne suis pas encore allé en Inde. Mais dans un hameau secret des Charentes, près de la Boutonne, deux esthètes rhénans ont su garder pour le vertige de mes yeux, presque magiquement, la moire des murs anciens de la demeure agricole qu’ils achetaient aux enfants d’Albert Bastel, le long de la tortueuse rivière Boutonne, et où je suis revenu souvent.
(l’hymne orphique aux Moires :
Moires infinies, chères filles de la noire Nyx, entendez ma prière, ô Moires aux mille noms, qui, autour du marais Ouranien, où l’Eau claire flue des rochers sous une épaisse nuée, hantez l’immense Abîme où sont les âmes des morts ;
… vous qui allez vers la race des vivants, accompagnées de la douce Espérance et cachées sous des voiles de pourpre, à travers la Prairie fatidique, là où la Sagesse dirige votre char qui embrasse tout dans sa course, aux limites de la Justice, de l’Espoir et des Inquiétudes, et de la Loi antique, et de l’Empire régi par des lois puissantes, car la Nécessité sait seule ce que réserve la vie, et aucun autre des Immortels qui sont sur le faîte neigeux de l’Olympos ne le sait, si ce n’est Zeus ;
et la Nécessité et l’esprit de Zeus savent seuls tout ce qui nous arrivera. Mais, ô Nocturnes, soyez-moi bienveillantes, Atropos, Lakhésis, Klothô !
Venez, ô Illustres, aériennes, invisibles, inexorables, toujours indomptées, dispensatrices universelles, Déesses rapaces, nécessairement infligées aux mortels ! Ô Moires, accueillez mes libations sacrées et mes prières, soyez propices
J’ai pour mes amis silencieux, peintres aux pinceaux aussi ailés que les vélos de feu Albert Bastel, des rêves aussi grotesques, d’aussi anachroniques triomphes que ceux qu’invoquait (en vain puisqu’oublié) Orphée.
Orphée ! Reviens ! Que tout cela, qu’ielles créent, se cache un jour aux replis de la folie d’argent des investisseurs aveugles des futurs, c’est précisément ça qui me donne, au contraire de leurs envies insensées, des envies de Champollion, de décrypteur de mon propre Désir, celui qui seul fasse, authentiquement, Sens : je regarde autour de moi, je tends l’oreille parce que les pinceaux ne font pas de bruit. Le sens du désir. Oligarques, si du désir vous aviez fait la magique étude, vous cesseriez de nous abreuver de tant de merde !!!
Et les héros de la peinture seraient les hérauts de nos joies partagées pendant que, pour devenir de vraies gens de Bien, vous feriez pleuvoir les vôtres, de biens, sur nos réjouissances solidaires ! Comme dans le photomontage de Tomi cette course cesserait d’être vers l’étrangeté d’un mur. Que voulait il dire, lui le trop-glorieux ?
Ainsi les fragments perdus par ma mémoire de la paisible boutique, comme ceux de parchemins qu’on retrouve parfois : chanceux ! Se cacherait derrière cette devanture un Homère de la peinture, que les millénaires conserveront quand tous ses tableaux sont déjà presqu’introuvables aujourd’hui. Et son nom. Le nom de qui ?
Pareils à ce parchemin de l’Iliade, qui dormait à la Bibliothèque universitaire dans une invraisemblable négligence : les décors abîmés de la petite boutique.
Me revient le souvenir de l’ inconnu presque parfait. Je sais, oui, qu’il aurait ADORÉ trouver un décor aussi usé que celui de la devanture peinte par lui – enfin était-ce vraiment par lui ? : c’est dans les années 70 qu’il allait avec quelques potes en chercher de semblables en Inde, quelques années après avoir terminé ses études à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg où très humblement il s’était surtout félicité d’avoir appris mieux que quiconque l’art du faux-marbre.
Inconnu parfait, au sens d’une perfection philosophique. A quoi bon parler ou faire parler de soi ? Je les imagine, mes précieux dans cette petite ville rhénane, par discrétion ils se taisent et représentent des réalités, inimaginables sans eux, chacun la sienne. Un jour les journaux du monde entier leur tireront le portrait !
Quelle vanité, la signature, quelles vanités, les comptes en banque remplis. André Nabarro, ça me revient, avait même ramené des photos de fragments de désastres muraux indiens, et les croquis qu’il en faisait.
Avec le même désir d’en faire quelque chose que celui qui avait saisi Tomi Ungerer, l’été 2015, quand voyant à terre des fragments brisés, il avait supplié qu’on les prenne en photo avant qu’on n’ait oublié leur disposition, afin qu’il trouve qu’en faire en matière de représentation.
Puisque le nom de celui qui décorait la boutique de la rue des sœurs n’a jamais connu de gloire, comment évoquer son nom sinon en rappelant qu’il ramenait d’Inde des photographies de palimpsestes muraux ? Et qu’il ramenait aussi un émerveillement. Pour enchanter ce qui l’entourait, depuis l’épicerie paternelle jusqu’aux témoins de ses fêtes.
Moi, j’avais pris la photo que voulait Tomi, celle du pot brisé, près de Goleen, dans le County Cork.
Peut-être est-ce simple geste qui fait qu’au moment où Tomi s’est éteint, après avoir annoté les correspondances de Nabokov, ce maudit neuf février 2019, j’ai été réveillé avec l’impulsion de partir dessiner pendant quelques heures dans ma cuisine, sur un pauvre abat-jour, jusqu’à apprendre au matin sa mort, là-bas, à Cork ?
Depuis, son musée paraît s’être un peu vidé de son attrait antérieur, quand je prononce son nom, les gens de la ville, qui tous sursautaient en entendant parler de lui, se raréfient. Les moins vieux ne savent souvent même pas de qui on parle.
C’est comme pour l’auteur d’une œuvre qui avait changé ma vision du monde, F’Murrr, avec son impayable et philosophique BD du « Génie des alpages » : il n’avait plus le sou, à la fin !!!
Juste avant d’avoir photographié les éclats du pot de terre cuite, devant le bistrot de Crookhaven, il faut dire que j’avais observé, chez Tomi, à Three Castle Head , ceci, qui semblait être fait d’éclats, aussi :
Des éclats de disque qui figurent un sourire. Quant à la façade du fantôme de boutique de la rue des sœurs, l’évocation d’éclats de rire jaune m’y renvoie au contraste entre les mille reconnaissances publiques dont bénéficiait Tomi, et le grand silence qui entoure la boutique désespérément vide de la rue des sœurs :
Aussi, l’effacement du décor de l’échoppe ressemble à toutes nos disparitions, et je sais que je dois me réjouir de cela, que l’éternité se moque bien du temps, que je ferais mieux de ne pas écrire, que toute trace est vanité à côté des joies de l’amitié, de l’aimance, de l’amour.
C’est ça que disaient les représentations du panier de verres par le célébrissime Stosskopf, le peintre qui semblait annoncer une période aussi riche artistiquement, en Alsace, que ce qu’on a appelé l’Age d’or flamand, juste avant que la soldatesque de Louis XIV nous réduise en province. Cessons de parler de moi. De nous.
Quand même, cette boutique vide, au prix du mètre carré en pleine ville ! Comme un gouffre, comme une grotte où on respirerait les vapeurs toxiques des désirs : qu’est ce que je pourrais bien en faire ? Y convoquer les historiens et les critiques d’art les plus experts pour projeter tous les artistes de cette ville vers le Nirvâna des Einstein du portefeuille ?
L’oracle pourrait tourner comme un devin fou, indiquer soudain comme un compère, comme une autre divinatrice, les travaux secrets par exemple de :
Ou quand Philippe Haag, par exemple, délaissant ses abstractions, a commencé à représenter avec une telle maestria les troncs des arbres, les lignes de ses plages, les galeristes n’ont pas tout de suite compris qu’il fallait se l’arracher. Puis c’est venu. Mais c’est ce processus qui permet maintenant que son travail apparaisse, signature ou pas : réjouissance, pendant que silencieuse se tient l’échoppe abandonnée.
Seul, probablement, je me demande si vraiment celui qui avait mis la petite boutique en peinture sera au rendez-vous protecteur, lui aussi, un jour, des collections et des musées.
Chaque année il y a un moment de culte à Strasbourg, à l’Ecole des Arts Décoratifs (au nom actuellement et administrativement remplacé par un acronyme). A l’occasion des « diplômes», les travaux de dizaines d’élèves sont exposés. Chaque année de bouleversantes surprises renouent avec la loi de la nécessité, celle qui fait qu’après la rencontre de telle ou telle œuvre il puisse arriver qu’on ne perçoive plus rien pareillement. Ainsi la ville serait plus sous l’empire qu’il n’y paraît, de créatures dessinantes, qui en savent parfois plus long sur nous que nous-mêmes.
Par exemple Colomban Mouginot, dont Tomi aurait adoré les teintes :
Ou Aurélie de Heinzelin, dont Tomi avait été si bouleversé en découvrant le travail, (il avait parlé de “terrorisme de l’âme”) qu’il avait fallu l’empêcher de boire toute une bouteille de mirabelle.
Ou alors l’œuvre méconnu de Georges Pasquier, malgré son pignon sur rue.
Une boutique, une vitrine, l’aveuglement des voisins. Dedans, comme le ressort du destin tendu à bloc par une centaine de tableaux.
Et en matière de génie Irhénane, Rhénirane, Téhérhénane, Ainaz Nosrat pourrait évidemment concourir à ces folies paroxystiques dont s’evanouiraient les milliardaires les plus soucieux de préserver quelque fortune en y investissant de quoi mécéniser l’innocence la plus incorruptible : car l’Oeuvre d’Ainaz !
Ou bien Ghislain P. et ses aquarelles raffinées, rapportées de ses odyssées permanentes ? Il pourrait lui aussi, être sans cesse en train de revenir de lointains aussi vertigineux que celui qui déposait des laques à le devanture de la boutique abandonnée de la rue des sœurs. Ils seront bien emmerdés, les investisseurs qui n’avaient pas pensé à temps à considérer les menhirs d’aquarelle qu’il oppose, chaque jour, aux ouragans immoruaux de la financiarisation du monde, ceux là même que dénonçait déjà Erasme.
Ah ! Et Le mur bleu de Denis Fruchaud !
Peut-il, après trente années d’existence bénéfique sur un mur qu’il bleuissait ici, être dit rhénan ? S’il s’était déposé aux montants du magasin hermétiquement clos de la rue des Sœurs, viendraient elles, les sœurs, y trouver clôture pour y marmonner mille prières afin que le travail de Denis pulvérise les enchères ?
Et que dire des facultés qu’aurait Bruno Carpentier à effarer les archéologues photoniques de dans douze milliards d’années, lui qui chaque jour multiplie son observation unique du monde, par exemple, là, observant le mur bleu de Denis Fruchaud :
Mais Bruno Carpentier, lui, a déjà les ailes de la Renommée !
Et François Duconseille, dont j’attends que le Whitney Muséum le bombarde citoyen américain afin juste d’obtenir le droit de l’exposer à New York ?
Et au delà des murs érodés de la cité, au delà du mystère prophétique des gloires, plus silencieux qu’un sphinx, Antoine Walter ? Son œuvre sécrété au fil des décennies au fond d’une deuxième cour qui fut un vrai Carmel, caché en clôture, dans l’élaboration d’un travail vertigineux qui associait la topologie, les structures du penser, les théories chromatiques ?
Et ainsi, muette, se tenait l’échoppe, ô, sœurs renommons votre rue, et allons voir là-bas au pays qui vous ressemble, les miroirs profonds,, les riches plafonds et la rue de la sororité.
Dirait on pas que c’est depuis cet angle que Laurent Kohler aurait esquissé un de ses milles croquis de la Cathédrale (le mille et unième suspendu entre une douceur proustienne et celle des Ménines, posées par lui dans le dernier urinoir Napoléon 3 de la ville ?)
Certainement ma grand-mère (qui prenait des cours de peinturerie) aurait toisé un tel geste urbanistique et l’aurait elle déclaré Boche, en continuant de nous cacher qu’elle était de Metz et pas de Nancy (d’où l’on toise encore l’Alsace et la Moselle au jour administratif d’aujourd’hui). Elle se serait drapée dans les plumes de ses tenues en se tournant résolument vers les surréalistes parisiens comme un soleil légitimant ses obscures origines germaniques.
Et, au delà de la liste nombreuse des génies qui surprennent et modifient sans relâche le regard de ceux qui d’ici observent leur travail, en cherchant plus loin dans le passé, l’incroyable Allenbach, inconnu à New York ?
Quant à René Ringel d’Illzach, depuis que l’abracadabrant singe au dauphin n’est plus dehors dans les jardins de l’Orangerie, qui ne susurreréalisterait son nom ?
Et l’immense Lothar von Seebach, qu’aucun galeriste chinois ou japonais n’a encore imaginé à quel prix on se l’arracherait ?
En m’approchant du décor de la boutique de la rue des sœurs, le mystère s’allège. Vraiment ? Méfiance d’Acier, aurait proféré le meilleur ami d’André, le tahitien Christian Lengaigne :
Ce faux- marbre ! Aucune méfiance n’est plus de mise. Chacun son truc et celui-là, c’est du Nabarro. Oui, celui qui revenait des Indes.
Il est d’André. André Nabarro qui a fait humblement et rigolardement les Arts Déco en 68. S’il s’était trouvé qu’un indien, au contraire, avait visité notre ville, au temple gothique de grès rouge comme André Nabarro visitait le Kerala…
( oui, c’est lui qui sera photoniquement célèbre dans huit milliards d’années!)Oui, si cet artiste était venu visiter le grand temple de Strasbourg comme André allait visiter ceux de L’Inde, ces décors totalement effacés de la boutique divinatoire l’auraient tellement aguiché, qu’il les aurait ramenés dans le Kerala…
Et peut-être cet hypothétique Indien en aurait-il tiré des panneaux symétriques à ceux qui naquirent chez André en rentrant de ses effarements mystiques aux temples hindous.
Il aimait tant les fêtes, André, qu’on l’appelait « La Fraise ». Il mettait, à la préparation de ses fêtes, une passion de bénédictin.
Il aimait, comme Tomi le glorieux, aligner des objets sur ses rayonnages. Mais si Tomi disposait comme ça, dans une sorte de métaphysique objectale :
André, lui, dans un même et immense éclat de rire avec le même et chanteur accent alsacien alignait :
Un grand vent secoue la plaine, tous les noms s’envolent, reste le Nabarro méconnu, en train de crier : TU RIGOOOOOLES !
Et on rigoooolerait…
Et le grand vent secouerait la plaine.
Et si, subitement, ce soir, demain, réapparaissait miraculeusement Tomi, pharaon ressuscité mais encore effrayé par la peinture des grands Autres, (Hopper par exemple) un verre à la main pour se défendre ?
Et même un marc de Gewürtztraminer pour se prémunir de la gloire de l’autre Grand Autre, la Sophie Taeuber, le Hans Arp s’il le fallait !
Ah, cette réapparition de Tomi, quel délicieux miracle ce serait ! Je pourrais bazarder l’abat-jour maudit du neuf Février !
Mais la presse, déchaînée par le grand vent sur la plaine, combien de temps attendra t elle pour découvrir que tous ces travailleurs acharnés périment par le miracle de leur Œuvre, sans arrêt, ses premières pages et ses grands titres, balbutieurs de faits-divers portés aux paroxysmes des guerres et des épidémies ?
Sauf qu’en matière de miracle, la grande phrase est prononcée ce soir du 14 Décembre 2024, dans la représentation au TNS de « La Symphonie tombée du ciel » : « Pour la Logique, la survenue d’un miracle serait une tragédie. »
Mais l’échoppe achoppe sur ce combat des couleurs photographié en Inde, lorsque je remarque, dans l’atelier de Georges Pasquier, l’ombre coïncidentielle de la même scène :
Et l’oracle alors, se jouant de la logique, se tournait vers Patrick Garruchet aux écritures emportées, aussi décidées que les jeux d’ombres sur la Pierre aux neuf gradins de Soubrebost.
Les encres, oui, comme la victoire d’une montagne Sainte Victoire.
Cependant au concours des futurs résiste l’échoppe…
On découvrirait à l’envers relatif des cartes du Temps tombées de la poche d’Einstein, que de colossales fortunes se seraient édifiées, des empires, que dis-je, des promontoires, que dis-je, des nez tartuffés d’émeraudes et de rubis, grâce aux triomphes prédits par la boutique oubliée de la place Matthias Mérian. Les triomphes de :
Ainsi tous, lestés du poids immense de la vitrine oubliée de la rue des sororités, courant dans le silence des pinceaux vers le regard bienveillant des divinités oubliées, en un immense concours rétinien, prunelles des yeux d’Isis, Regina Coelis.