Il y a soixante-dix ans, la mère de mon ami Cary se faisait photographier là, par son vieil amant. La place était vouée au héros nazi, il y avait des drapeaux. J’imaginais le lieu gommé par les bombes. Mais en Mai 2015, traversant Munich, soudain, j’y suis, c’est là.
Auteur/autrice : Anatole COIZARD Page 8 of 9
Je suis un âne. J’ai connu Cary avant 1985, et donc depuis, vingt sept ans se sont écoulés. Il s’appelle Planchenault et je lui imaginais une mère normande, comme son père.; son utilisation de la langue française, si joyeuse.
Décembre 1978. Un individu portait mon identité, avait vingt deux ans, se sentait libre d’avoir seulement rejoint au quatrième étage ce que sa mère appellerait encore aujourd’hui, malgré sa démence sénile, une chambre de bonne, et que son père, s’il vivait encore et avait eu le bon goût d’atteindre le cent trois ans que ça lui ferait, aurait nommé pareillement, n’ayant jamais franchement voulu retourner à cette langue allemande.
La nature infernale de l’absence est palpable, c’est la nuit. Et le soleil a beau être dans un au-delà que son retour régulier certifie, l’image rassurante des cycles ne concerne pas le progrès linéaire du temps, que mesurent les cycles sans le caractériser.
Les temples d’Hubert Robert sont toujours en ruine. Comme celui que je rêve d’édifier en face de celui de Pergame et qui serait un peu pyramidal…
Je ne suis pas assez intelligent pour approfondir mes idées… Mais j’ai de la fuite dans les idées.
Les plans incroyablement mystiques de la ville de Strasbourg que ses urbanistes feront sortir, même pas soixante ans plus tard, gardent-ils une trace du passage effrayant de Napoléon dans le salon de la mère du petit prince de Berlin, trop fier et déjà en uniforme, protégé par des gendarmes français mais alsaciens, et donc parlant couramment sa langue sans se douter qu’un jour il se saisira de leur ville, de l’Alsace et d’la Lorraine, sans sabots, et les recouvrira d’énigmes architecturales qui ne seront très vite plus habitées que par des français incapables d’y strictement rien piger ?
Qu’est-ce qui bloque la transmission des savoirs de l’Europe à la Chine ? Qu’est-ce qui est tellement inapparent pour les étudiants asiatiques venus passer des années et des années dans les universités françaises, que ce soit pour y apprendre la théologie protestante (lorsque ce sont de ces coréens qui terrorisent les enseignants en théologie parce qu’ils véhiculent un protestantisme méconnaissables) ou la psychanalyse et la philosophie ?
Aux participants du Porn Process,
les voyeures-branleures sont ielles l’actualité vraie d’une paix respectueuse mais à la joie renouvelable et aux quotidiens transcendantaux qui n’emmerdent ni n’importunent personne ? mais ne sommes nous pas condamnés condamnant à l’anamour du je t’aime, moi non plus ?
Les idées germent… mais sur le bord de la course éperdue des journées de travail, elles laissent, comme des patates vieillies, ces petits bras de gnomes, violets, leur sortir à peine du flou. Ou parfois, les idées montées en graines, laitues imbouffables. Sur l’appui du mur de l’instant, ainsi nos idées rient sans se douter que l’instant, comme Yorick, lui, il va mourir au deuxième instant, tout jeune, et nous laisser mûrir sans lui.