Anatole Coizard de l'océan maudit

Auteur/autrice : Anatole COIZARD Page 5 of 9

Le Sirop de Paconcon

On entendait le raffût depuis Brooklyn, sur les quais: chaque tour de Manhattan paraissait s’être transformée en une horde de hurlards, tous à chanter: «fromage et dessert «.
Ensuite ça avait duré comme ça six mois, tous les soirs à huit heures les gens montaient sur les toits. Transformaient chaque tour en une torche d’un feu musical, symphonie à capella. Après six mois le président était tombé. Tombé.

Madame Merk a été déportée !

L’institutrice

Surtout son manteau. Du chinchilla.

Je parle d’elle chaque fois que je rentre à la maison.

Séminaire nez en l’air l’air de rien rien à f…

Brouillon rédigé en 2012 sur les pages de gauche d’une photocopie reliée du Livre VII des séminaires de Jacques LACAN ” L’ÉTHIQUE DE LA PSYCHANALYSE «1959−1960.

Sur la page de garde j’ai noté: «Par un récit qui verse à l’inconnu, par un chemin inexistant, que nul ne foula, un chemin où marcher ne laisse pas de trace, comme une taupe «(Citation de la page 120 de la «traduction» par Quignard de l’Alexandra de lycophron.)

Sur Gustave Lefrançais.

On a réédité tout récemment les mémoires de Gustave Lefrançais. «Les mémoires d’un révolutionnaire «. Je les ai d’abord lues comme un touriste. Les descriptions de Paris étaient, depuis mon fauteuil, décorées, comme par des feux d’artifice mais c’était des bombes, c’était du canon, c’était l’invention de l’exécution collective à la mitrailleuse.

Rendons les mosellans au Privé. (Ou: «Le coach volant de Grossblietterstroff «)

Il savait tout, et malgré son habitude étrange de ne consulter qu’au snack fantôme d’une gare secrète en Moselle (France), il prenait ses vacances à Davos et enregistrait les discussions de ses voisins de table.

Demain une Chine lacanienne

Demain une Chine lacanienne, par le vœu sans souveraineté d’Hier…(ou: pourquoi lire Kant peut-il me rendre encore plus ennuyeux ?)

Se réveiller juste avant que l’alarme ne sonne, pressentir quelle heure il est puis s’apercevoir qu’on était juste, avec une précision à la minute… La notion d’une horloge interne n’a pas que ces fondations fugitives-là. On devine une troupe mondiale de physiologistes occupés à traquer les rythmes cellulaires pour leur gloire intime (au physiologiste vertueux ma pensée reconnaissante) ou pour le bénéfice des laboratoires friands de chronobiologie (aux savants vénaux mon admiration jalouse).

Licornes

Le bahut de ses seize ans. Le vieux Duchemin y reconnaît le portail, même la foule devant, c’est comme si, le visage des gamins et des gamines lui étant resté familier, il faisait encore partie de cet emploi du temps là… Quel cours tout à l’heure? … Dans quel bistrot on va aller boire un café après s’être emmerdé jusque six heures de l’après-midi?

Naufrage en île déserte.

Je m’approche du cahier de brouillon espagnol, tombé par terre près de la table de mon bistrot à Bruges, et je déchiffre, écrit d’une main inconnue:

Émeute culturelle en Meuse

Presque impossible de s’approcher des œuvres malgré les efforts de la municipalité de Saint-Mihiel — les hôtels, dont le nombre a doublé en trois ans, réservés des mois à l’avance — les fanatiques dormant dans les camps préparés par les associations culturelles meusiennes — le succès hallucinant de l’exposition des œuvres de Ligier-Richier, (canoniquement appelé le Michel-Ange Meusien) — fait de Saint Mihiel, depuis deux ans, le monument le plus visité de France, assez loin devant le Mont Saint Michel.

La vallée du Goul et foudres.

je me souviens qu’en quittant les vergers étroits dont la félicité ourlait le cours très vif du Goul nous avions (elle et moi, dix huit ans) dû remonter d’autant plus à l’autre versant, que nous avions accompagné longuement le ruisseau dans sa descente.

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