D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Amel (Amélie ? Tout le monde l’appelle Amel) a toujours aimé d’un amour d’amoureuse les marais de Saint Gond, leur allure sauvage et grise, la monotonie résignée de leurs dangereuses vasières, fondrières, tourbières, et les surprises encore, que son cerveau précocement attentif, collectionnait déjà trop tôt. Mais elle penche son torse gracieux comme un roseau pour cueillir chaque fleur nouvelle et la mettre à l’abri sous ses yeux verts, au détour de sentiers tracés tout au plus par des animaux d’autant plus sauvages qu’ils pullulent au secret des ajoncs.
Ça l’a même étonnée, à l’adolescence, que sa mère Liliane ne soit pas plus surprise que ça de la voir accepter, chaque samedi, de sauter dans la voiture pour la suivre, depuis la grosse maison confortable et joyeuse de Nancy, la ville où sont pourtant tous ses copains, jusqu’à ce trou de Coizard.
Lire la suite