Aux participants du Porn Process,
les voyeures-branleures sont ielles l’actualité vraie d’une paix respectueuse mais à la joie renouvelable et aux quotidiens transcendantaux qui n’emmerdent ni n’importunent personne ? mais ne sommes nous pas condamnés condamnant à l’anamour du je t’aime, moi non plus ?
Les idées germent… mais sur le bord de la course éperdue des journées de travail, elles laissent, comme des patates vieillies, ces petits bras de gnomes, violets, leur sortir à peine du flou. Ou parfois, les idées montées en graines, laitues imbouffables. Sur l’appui du mur de l’instant, ainsi nos idées rient sans se douter que l’instant, comme Yorick, lui, il va mourir au deuxième instant, tout jeune, et nous laisser mûrir sans lui.
L’idée du papier me semble prendre plus de champ pendant que mon stylo le charrue de sillons, pendant qu’à l’opposé l’œil se fatigue à observer le caractère trop changeant de l’écran informatique enfin, ceci étant, la feuille de papier m’a toujours enfermé dans ma réflexion, et jamais je n’aurais réussi à l’enrichir assez pour lui donner cette universalité de l’ordinateur qui se connecte au monde entier, comme un objet rassembleur de l’humanité… Qu’il prive peut-être de toutes les idées qu’elle aurait dû continuer de laisser germer. Écran. Comme l’écran pulsionnel.
J’aime la boule de cristal de cet écran, j’y trouverais de tout si je ne me laissais pas dériver par les images les plus tentationnelles, tentacules de ma tentation. Une vraie auberge espagnole où je finirais par ne plus voir qu’un boxon !
Milliers d’heures devant l’écran qui masque nos solitudes stériles. Je peux décrire, je pense, des centaines d’images pornographiques qui ne me paraissent, à moi, pas pornographiques du tout mais pornoïétiques. Texte précieux que ces projections de mon désir (mais cependant que je rêve devant les corps splendides, trop de femmes ne dérivent-elles pas, elles, vers les sites de soldes en ligne et ceux de la rencontre de l’homme-bonne-affaire-à-caser-entre-l’frigo-et-l’ratatine-ordures ? Les hommes les ont elles tant désespérées de toute rencontre ?J’aime quant à moi découvrir les scènes simples et naïves «époux japonais montrant au monde les fesses de son épouse».
Les scènes vraiment naïves sont dures à trouver, parmi des millions d’images plutôt prostitutives, du genre «Partouze géante à chicago». Cette difficulté inscrit leur caractère précieux.
Les idées germent comme des petits bras hideux de gnomes violets. Comme les bras de patates abandonnées germant sans rime ni raison. Idées… Celle d’écrire un texte sur le cristal de mes intentions voyeuristes. Sur le tamis que mes jugements imposent à l’appareil formidable, au tsunami porno-internautique, où mon amour du Bien remplace l’horreur par le Sacré.
Cristallin et Pornichon passent la nuit dans une chaise isolée.
Madame retrouve son mari agonisant, appelle les pompiers, monsieur se meurt, monsieur est mort : a-t-elle eu l’énergie d’éteindre l’image des Sirènes (entre son appel et l’arrivée des pompiers, l’ordi s’est mis en mode veille, mais, sait-on jamais, si un des pompiers s’avisait de voir comment un ordinateur a pu si vulgairement, d’un coup d’émotion porno, tuer l’époux en l’attirant loin du lit de l’épouse.?)
Quelle Guerre Mondiale.!!! Quand les femmes s’arrogeront-elles un porno libéré de ce qui en fait un épouvantail ? Car le branleur-voyeur, mû par le fantasme de ne paraître jamais, est l’anti-révolutionnaire absolu…
Dois-je oser déborder les bords de l’informatique et de ce forum perpétuel qui assigne l’humanité en un lieu zénithal ridiculement petit :l’écran ?
Et en plus c’est un lieu virtuel. Humanité convoquée nulle part, et convoquée cependant au virtuel d’une mémoire informatique supérieure à toutes les mémoires quoique ridiculement infime, à côté de la mémoire du monde, celle que les grecs assimilèrent à la Vérité quand ils entendaient leurs aèdes dévider l’histoire des dieux.
Le facteur de risque porno comptait beaucoup déjà au siècle dernier et Aaron a écrit Le pénis ou la dé-moralisation de l’Occident en 1978. Spectre.
Aux États-Unis la pornographie visuelle est estimée toujours comme une addiction. Stages organisés pour fabriquer des agents de transmission du puritanisme – c’est le puritanisme qui me paraît le grand protecteur de la structuration clandestine des pédophiles et des assassins en série. Leurs spectres sont partie prenante d’un sacrifice collectif et guerrier pas forcément irréaliste. Pourquoi depuis son aube l’humanité a-t-elle plébiscité des psychotiques et mis en sommeil sa raison pour les suivre au pas guerrier des désastres ?
Un jour, vu le suivisme français, mes confrères organiseront un week-end de formation médicale continue sur les moyens de contrer ce formidable enjeu de la médecine moderne : l’excès des compensations érotiques offertes à l’homme-pneu (celui de l’ère du burn-out et donc dont les mélancolies doivent entrepreunarialement être classifiées comme des brûle-ta-gomme, et qu’il faut barrer dans son accès à toute jouissance existentielle).
Moi j’aime énormément cette irruption de l’organique porno, seul en face des virtualités guerrières et désolées de la boule de cristal.
Enquête inouïe, plus riche que celle des mirlitons de la Guerre mondiale qui passe son temps à s’exhiber sur le Net sous forme d’auschwitz pétro-nationaux et d’égorgeades à qui mieux-mieux : plus sublime, le jouir domestique, mille et mille fois plus métaphysique.: Madame et monsieur chose découvrent soudain qu’à Kyoto, à Téhéran et au Guatemala, il s’en passe des belles et des fessues. L’humano planetarius convoque, par son désir et d’un clic nonchalant, les sites, statistiquement les plus nourris du net. Et ça se compte justement en gigabits pourquoi pas en gigaclits ?
Le corps médical se penche dessus.! La presse anglo-désaxée préfèrerait des ventes d’armes, de médicaments, ou de fast-food franchisés. Les réalisateurs de docu n’osent pas utiliser le centième du matériel scandaleux qui tourne sur lablogosphère à la vitesse du linge centrifugé pour sa lessive. La horde sentencieuse des prélats et les armées qui les emploient se noient dans le bourbier sexuel de cette dégelée de femmes en orgasme.
Ce qui me plaît c’est le débord, pas Guy, le situationniste, lui aurait compris immédiatement la nature spectaculaire de cette mise en scène du marri époux, flageolleant après s’être par trop astiqué le flagelle, et flagellé par les médias d’un monde nouveau.
Mais heureusement il reste tant de personnes pas débordées, pas voyeuses du tout qui, voulant du vrai et du véritable coït, croient naïvement que «ça» existerait (ce que les mâles appellent «le cul», les kabbalistes, «le graal» et les femmes…) — et en se détournant des images, deviennent clientes payeuses, dérivent, à leur coeur défendant, pauvres colombes du trottoir, nigauds qui font rire les putains, esclavagistes qui les violent en retour d’une monnaie de leur pièce de théâtre, maquerelles qui s’en croient et construisent un enfer sur terre. Voire, quand ielles s’en croient à fond, se jettent sur les fesses du personnel des hôtels, et ne se font pas élire présidentes de la République françoise — ah !
Il faut reconnaître le cadeau, la Noël médiatique qu’ils nous donnent, les gourmands tombés dans le pot de miel — comme ils enguirlandent joliment, de leur violence sexuelle, le terrifique sapin ornés de boules endeuillées des méfaits si noirs qu’ont distribués ces temps derniers.: 1. les ouragans tueurs en Amérique, ou 2. perpétrés divers potentats militaires assassins qui, (dans le même temps que DSK apparaissait comme un très grand acteur aux fenêtres de la justice sado-populiste presbytérienne, on ne le paiera jamais assez pour ce moment digne du procès, dans Ulysses, de James Joyce, du pauvre mari surpris en train d’aller au bordel par une myriade d’accusateurs) qui fabriquent du crime de masse — et 3. les séismes, vrais tueurs en série, ah oui — ces monstres-là accumulent des cadavres, bien plus que l’humble voyeur Pornichon — et ils tuent, ces cataclysmes humains ou naturels, en rêvant d’impunité. Ils dégustent cette révérence de l’humain pour l’indifférente nature et les statues qu’il élève aux dictateurs les plus meurtriers.
Déborder l’écran.? Comment débuter ce débord sinon en truffant le texte que je viens d’écrire, mais avec des images aléatoires, pas forcément pornichonnes dont je découvre le rapport possible à mesure que je dévoile les réserves en images de mon ordination informatique.