Anatole Coizard de l'océan maudit

Catégorie : Historia > La seule enquête

Documentaire

Comme on passe en sifflant les documentaires sans danger, ainsi ceux qui jadis me saoulaient de leur triomphe, soudain, aujourd’hui, (après avoir regardé les cinq minutes d’un docu de Jean Gabriel Périot #67 sur l’excès de la tomatoculture), j’accompagne la procession, bouche ouverte et sourcils écarquillés. ¡ Viva el Docu !

Se mettre en scène en écrivant des romans ou en filmant des fictions … ou bien faire des docus ? (. Comme on passe en été le torrent sans danger,
Qui soulait en hiver être roi de la plaine,
Et ravir par les champs d’une fuite hautaine
L’espoir du laboureur et l’espoir du berger. …. Ainsi ceux qui jadis soulaient, à tête basse,
Du triomphe romain la gloire accompagner,
Sur ces poudreux tombeaux exercent leur audace,
Et osent les vaincus les vainqueurs dédaigner )
(Joaquim Du Bellay)

Toiser, mesurer le monde par l’effort documentaire, sans oublier que c’est par nos intérieures fictions qu’on le métamorphose, qu’on le métamorphosera, qu’on sera animé par le désir de tenter de le métamorphoser, miette à miette, pas à pas, sujet après sujet, un huit milliardième de l’humanité après l’autre.

État des lieux, et en quelque sorte documentaire sur une circulation d’une lumière mettons électrique.
Et là par opposition en quelque sorte, une fiction de la circulation d’une forme plutôt solaire de la lumière, Le dieu Mithra sur le bas relief de Shapour 2 (309-379 avant notre ère)

En allemand on ne dit pas observatoire mais Sternwart, observation des étoiles, on précise « les étoiles». Ça met l’accent sur le détail observé plus que sur le geste de l’acteur observant, l’astronome.

Observer avec précision la réalité, sans vouloir la précéder de notre imaginaire si structurellement narcissique, c’est à dire sans mettre au premier plan ce qu’on voudrait faire de cette réalité, sans oublier de détailler les étoiles du ciel.

Moi qui aurais tendance à être dans la lune, ça me frappe au moment de revenir vers l’Observatoire de Strasbourg, ici, après quelques jours et quelques nuits dans une petite maison. (là-bas, ailleurs, en Charente maritime et ça n’y parle pas allemand comme ici) Là-bas j’ai eu le sentiment un peu exaltant d’être plus proche des étoiles que jamais. Et je crois que c’était simplement parce que les murs des pièces de cette maison en étaient restés intouchés, depuis les années voisinant celle de ma naissance.

Je ne veux pas dire qu’ils étaient plus anciens que ceux des maisons voisines dans ce hameau minuscule et silencieux, mais leur surface continuait de laisser s’y marquer crânement l’usure. La patine des vieux revêtements, jamais rafraîchis, jamais repeints, y trône de ses mille variations.

La mode qu’on avait, dans les années cinquante, d’employer dans les demeures agricoles (là, charentaise) des peintures un peu luisantes, laquées, apparaît du coup aujourd’hui dans une splendeur comparable à celle d’un texte japonais célèbre, qui exalte la beauté de l’Ombre ( Éloge de l’Ombre, de Junichiro Tanizaki)

Et les circuits électriques tout simples, la présence de pierres à eau plutôt que d’éviers en inox, de bûches à mettre dans les foyers pour chauffer seulement autour de l’âtre, les lits bien froids où rentrer avec une bouillotte, me parlent a l’âme comme sa douce langue natale.

Sans parler des tinettes extérieures, celles-là exactement dont tous les alsaciens réfugiés en 1940 dans le Sud Ouest de la France me rapportaient l’inconfort qu’ils y avaient enduré, quand quarante ans plus tard, dans les années quatre vingt, je commençais à être en état de les interroger sur leurs souvenirs de la guerre. Quarante ans plus quarante ans font aujourd’hui. Un calendrier qui me dépasse largement, au moment où je rejoins l’écurie.



comme si quelqu’un aujourd’hui me demandait ce que ça me fait de retrouver, sur la porte de la grange de cette maison, ma date de naissance et l’année de mes huit ans (alors que chaque été j’allais voir les nombreux paysans encore nécessaires aux champs en Savoie) notées à côté de « moissons »

En les murs reliquaires ce ne sont pas os que j’observais, mais proximité des étoiles, et la perception, comme un grand muscle respiratoire en mouvement tout autour de nous, de cette expansion de l’univers depuis quatorze milliards d’années (un peu moins) et depuis que tous les protons de notre matière tenaient dans un dé à coudre si j’ai bien compris.

Se réveiller parfois au milieu de la nuit et sortir en oubliant les chaussures dans la nuit noire en entendant les bruits lointains des bêtes, c’était une façon de songer encore à ceux qui organisèrent cette maison, de mesurer la réponse perpétuelle que demandait leur environnement : des bras, tout un monde capable de panser les bœufs et les chevaux, faucher, battre et faner, charruer : je soulève une vieille toile et dessous : le soc.

Avant de repartir de l’Ouest français, j’ai bien détaillé, dans la banlieue de Bordeaux, dans les énormes lieux de vente de produits domestiques Ikea, les origines des draps vietnamiens, des rideaux de bains pakistanais, des cotonnades Chinoises. Puis, avant d’aller au lit, après avoir traversé la France en avion, j’ai regardé un bref documentaire sur l’hyper-consommation de tomates élevées sous serres, hors-sol, par les européens d’aujourd’hui. La convocation pour ces cultures, de travailleurs sous-payés, sans papiers. L’emploi, pour leur transport vers nos non gourmandises pour ces non tomates sans goût, de chauffeurs routiers exploités et convoqués depuis les franges sans salaires minimaux, de l’Europe.

Ça a précisé le malaise ressenti le matin quand j’imaginais dans la banlieue nord de Bordeaux les modes de fabrication et de transport des tissus Ikea par l’hyperorganisation à main des hyperavides. L’avion m’a moins rapproché des étoiles que la maison du hameau, moins que le docu sur les tomates et les esclaves dont elles convoquent les camions pour livrer les tomates à ceux qui, comme moi, adorent en rajouter dans le frigidaire même l’hiver. Le docu s’est avéré aussi vrai que la vieille maison dans le hameau.

Vallée vosgienne. Le tarif Strasbourg-bordeaux en avion deux fois et demi moins cher que le train,

Devant l’origine des textiles dans les grands entrepôts du magasin scandinave je tentais de me représenter l’envers de ce presse-orange et que j’étais moi l’orange. Mais c’est en voyant, une fois rentré à Strasbourg, ce docu de cinq minutes sur les tomates dont notre fille proposait que nous en prenions connaissance immédiatement – que je comprenais clairement le lien des tomates cultivées hors sol, avec les circulations du pouvoir. Élire les tomates, conclusion du documentaire.

Le jardin des délices, Hyeronimus Bosch, Museo del Prado, Madrid. (Le complot des tomates et du transport aérien comme si j’en avais rêvé après cette journée Ikea-avion- docu de Jean Gabriel Périot #67…)

Et aussitôt la question de la circulation du pouvoir, toujours la même depuis que les fermes ont été vidées de leurs occupants par l’invention des machines et que les paysans soudain inutiles avaient du aller grossir d’abord les rangs d’ouvriers sous payés, puis ceux de la précarité urbaine, en venant de pays de plus en plus lointain grossir la grisaille sans étoile du panorama des lieux du ban.

Créon regardant sa fille Glaukè brûler. Sa tunique empoisonnée lui a été offerte par Médée lors du mariage de sa rivale avec Jason, qu’elle pensait garder toujours. Mais le drame du réchauffement climatique par nos technicités semble presque déjà structurellement décrit si l’on s’approche de l’étymologie du nom des protagonistes de cette scène : Le savoir de Médée la méditante, le symbole des sciences,(celles qui nous ont amené à l’hyperproductivisme, punissant la chair de Créon l’incarné (ces corps que nous persistons à être), d’avoir laissé la brillance de sa fille Glaukè (cette splendeur des formes de la nature qui ont été un peu mises à l’écart des villes et des banlieues) s’unir au découvreur Jason (l’homme qui enquête et part chercher de quoi être légitimé dans un pouvoir dont il souhaite se faire l’héritier), qui lui avait promis à elle, Médée là médicinale, de lui demeurer fidèle. Dans ce bas relief orphique on voit sans le savoir : la science brûlant l’humanité en ce qu’elle a de plus sublime (car Créon-l’incarné, père aimant, va dans un instant mourir brûlé lui aussi, en étreignant sa fille, brillance de toute la beauté du monde, qui brûle de la tunique que lui a offert Médée par vengeance : le feu des tomates, de l’industrie agricole, de tous les savoirs exponentialisés qui se venge de la sublimité de la nature en la recouvrant d’une brûlante tunique, comme sur ce sarcophage orphique conservé au Pergamon, à Berlin ?
La tunique brûlante de Glaukè, au Louvre.


Médée, le savoir qui rattrape le corps (Créon) du père de la brillante (Glaucè) quand l’homme-explorant (Jason) s’imagine pouvoir encore s’en retourner vers la beauté alors qu’il s’était tout d’abord soumis, pendant sa recherche de la Toison d’or, lui le chercheur, aux découvertes de l’inventive (Médée la méditante médiqueuse.)… mais non, le monde brûle.

Médée inventant la moissonneuse au moment de la disparition de mon monde .
Labours à Serrières en Chautagne en 1940, comme je les y verrai chaque été de 1957 à 1962.
Serrières en Chautagne 1940

La clarté du documentaire sur le drame de la production hors-sol des tomates, aussi bref qu’un repas de tomates cerises me fait l’effet d’un prêche virtuose dans un temple dont soudain j’accèderais aux bonheurs qu’il distribue à toute une fraction d’humanité, rangée sous la dénonciation par un nouvel Erasme des folies d’argent, rebelle soudain aux sourires gras et à l’aristocratie du clergé agro-industriel d’aujourd’hui. Je pense à Luther et aux révoltés du début du seizième siècle, au bonheur d’avoir raison qui saisit les protagonistes d’une disputation, au fait que le rapport à la toute-puissance donne le frisson à ceux qui la détiennent comme à ceux qu’elle écrase en leur offrant par les temples qu’elle leur construit, de quoi l’invoquer.

Mais puis je invoquer les tomates ? Est ce que je dispose de plus de pouvoirs pour changer les flux d’argent qui trônent en amont des lois et des armées, que celui qui était entre les mains des paroissiens protestants se détournant soudain de Rome pour aller vers Luther, Calvin, et aussi vers les guerres qui s’ensuivirent sans démasquer aux yeux de leurs victimes que leurs convictions tombaient à pic pour leurs nouveaux maîtres ? Ai-je plus de pouvoir, à moins de le prendre et de devenir instantanément un rouage dominant de plus, dans notre espèce si profondément hiérarchisée ?

Luther sur son lit de mort, musée de Karlsruhe.
Luther sur son lit de mort, Karlsruhe, Kunsthalle.

Je me souviens de la ruée des berlinois de l’Est, quand ils ont pu détruire le mur qui les séparait de Berlin Ouest, vers les oranges des supermarchés bien achalandés, je me souviens de la pitié que je ressentais a 33 ans pour ces foules qui, plutôt que de sauter de joie a l’idée d’une liberté que je pensais consommable, couraient à ce qui avait le plus défiguré ma ville, l’esthétique du supermarché. Seuls certains, dans les théâtres de l’Est, restèrent à leur travail, mais ceux-là peut-être avaient des oranges et des frigos ?

De quoi me libérerais-je aujourd’hui…

comme je ne suis en prison que de ma structure névrotique, je ne sais pas trop quel vote me donnerait le privilège d’en goûter une libération, sans être privé du goût des fruits de mon organisation personnelle des plaisirs.

Jardin des délices.

J’aimerais des prêches qui réuniraient les foules en joie, mais les temples semblent tous toujours affectés au conflit voire aux guerres, et quant aux cinémas, temples pacifiques, ils mettent en vis à vis un public silencieux de plus en plus rare, et des films qu’on peut regarder, et qu’on regarde d’ailleurs de plus en plus seuls, ou alors à quelques uns dans de courageux cinémas, ou alors sur des écrans de plus en plus petits qui seront peut être bientôt greffables dans le cerveau des enfants à naître, tomates ou pas, et pas pour en faire des hommes libres…

Monastère troglodytique de San Juan de la Peña.

Sans nuire

Suis sorti du film et attendre les autres pendant deux heures : heureusement une serviette en papier et un stylo au bar du cinéma : huit quarts d’heure.
Sans nuire, jouir, est l’idée du premier quart, pas formidable, du bouillon aussi tiède que le film fui par ennui.


Ensuite pendant un quart d’heure je songe à quoi les enfants sont victimes entre eux, lors qu’affrontés à la puissante sauvagerie des autres enfants, des plus grand•es, tout heureux•ses d’exercer impunément leur domination. Je ne me suis souvenu d’une telle condition que lorsqu’à deux reprises j’ai été menacé de mort, adulte. J’ai ressenti à ces deux moments de frousse, en moi, toute la précarité de ma faiblesse, et le souvenir d’avoir adoré, de trois ans à treize ans, dix années consécutives, ma prosternation devant le Maître, celui qui était beaucoup plus grand, l’autre gosse- jusqu’au jour où hélas, ayant grandi, je n’avais plus de modèle pour continuer de rêver d’une grandeur à atteindre. Il était tombé devant mon propre agrandissement. J’étais devenu une forteresse.


L’idée d’harmonie se faisait jour pour moi, malgré les incessantes bagarres et défaites, au mieux lors des moments de soumission familiale à la croyance. Là, dans l’église, l’autre morpion ne pouvait pas se jucher sur moi pour que je prononce mes vœux de soumission pendant qu’il me cracherait un peu dessus – du coup j’ai d’autant plus adoré la musique qu’elle paraissait le lieu des félicités conjugables.
Tous ensemble.
Comme au foot.

Mais un peu plus tard dans l’existence enfantine, j’ai constaté que les concerts de musique de chambre, dans la salle Stravinski abandonnée depuis des décennies à la poussière, place de l’Emp…

pardon, place de la République à Strasbourg, permettaient également l’apaisement des distorsions de puissance : la modestie du métier de mon père ne l’empêchait pas de saluer les tycoons strasbourgeois d’alors, propriétaires alternativement d’une Bière ou d’une Banque. Voire d’un château. Mais mélomanes, tous ensemble. Musique soumise qui m’a permis de m’échapper ensuite vers les incroyables arithmétiques de Jean Sebastien Bach : c’est vrai que ça ressemble à un escalier : monter, monter, monter . Vers le grand frère, vers les clergés et leur ordre, vers les tours puissantes des cathédrales, vers le Tout Puissant.
Et ainsi m’enflamme l’idée décolonialisée que 32 millions de pianistes chinois conquièrent les mondes. Pour un apaisement ? Ielles le font depuis quelques décennies déjà. Malgré la différence entre les sémantiques musicales de l’Orient de l’Occident et des moyen Orient et moyen occident (qui doit bien exister quelque part entre le Colorado et le Kamtchatchka ). Qui aurait cru, alors que nos divergences esthétiques sont vertigineuses, étudiées par un certain Daniélou.

Il fallait que ce soit un homonyme du cardinal Daniélou ! Comme si la nature ecclésiale de la réunion des publics sous la houlette de la musique avait, de la rappeuse nigériane à la championne des récitals internationaux, fonction d’unir chacun dans l’oubli des luttes pour l’espace vital.
A la messe de mon enfance, l’autre morpion ne me disputait pas la place sur le banc. J’en étais gré au curé, là-bas, au loin.
Au plan mondial ce serait évidemment, comme l’aurait dit Boris Vian épatant.

Baldun Grien

Sauveuses de livre

J’avais tenté d’écrire un livre, pas trop illisible. Ça parlait un peu des vieux de la vieille, des bords du Rhin. Et un éditeur providentiel s’était même dit intéressé, Desmaret.

Sans une voisine bienveillante, « Vos amis vous attendent » serait resté sans son lecteur essentiel. Elle avait la haute main sur une vitrine assez visible.

Hopper, Met.

Est-ce que je ne dois pas lui rendre grâces, la chanter ? Tenter de comprendre la structure du Bien qui se cache dans les replis de la robe céleste des bien-veillances ? Me demander, aussi, en quoi ce lecteur imprévu m’a été essentiel ?

Metropolitan Museum, Isis allaitante.
Apparition de deux hiéroglyphes « Ankh » (vie) dans la main d’un copte, Musée de Munich.

Cette voisine proche du lieu de mes consultations, je peux le dire, se sentait une dette à mon endroit, par la banalité d’un geste que j’avais eu à l’endroit de sa réelle misère (pas lui demander de payer ses consultations médicales) mais l’extraordinaire avec lequel elle m’a remboursé est autrement gigantesque que mon opiniâtre gratuité à son égard.

Quand mon premier livre est sorti, elle venait d’avoir un boulot. C’était après des années et des années d’une douloureuse galère(Et si l’allez voir le verrez encor bien pyre) – et où ?
Dans le tabac de la gare, au vu et au su de tous les voyageurs. Un d’entre eux, libraire, allait ce jour-là vers le Salon du Livre à Paris. Comme ma Sauveuse avait mis plusieurs exemplaires en vitrine, ça lui a tiré l’œil.

Il m’a demandé de présenter chez lui mon premier livre, qui serait autrement resté totalement confidentiel.
Du coup, grâce à elle, un peu plus tard, Thérèse la conservatrice du Musée Ungerer saurait que j’avais commis un faux polar.

C’est ainsi qu’éclaterait dans mon téléphone  la voix du dessinateur strasbourgeois le plus fameux, qui m’offrirait ensuite d’interminables joies – ALLO C’EST TOMI – la voix du moraliste qui a croqué New York dans les sixties – donc le bien, c’est quoi ? La question se posait immédiatement et me renvoyait à la chaîne des causalités ayant débouché sur cette rencontre d’un philosophe rigolard.

Tomi Ungerer, expo à Schwabish Hall


Son livre pour enfants, les trois brigands ? Un argument pour se dire qu’on a raison et être de bons soldats du Juste et du Vrai ? Son rire ? Sa résistance à dire la beauté du monde malgré les crimes et les catastrophes ? J’allais découvrir la préoccupation constante de Tomi Ungerer pour le Bien.

Octobre 2017, Tomi tout content de l’édition des chapeaux de ses Trois Brigands.

Le Bien : Les quelques sous que je n’avais réclamé pas à la voisine ? La critique spinozienne ? Avoir des biens ? Pouvoir bavarder avec un homme glorieux ?

Que flûtais-je dans ce cabinet médical ? Du pipeau comme Kafka dans sa compagnie d’assurances et son ami Brod, l’écrivain célèbre ?

Toubib … À quel bien adosser, pour qu’il soit bien assis, le Héros ? (A la sécurité sociale, mais j’en ignorais encore la magie.)

Tomi Ungerer.

Mon pare-brise (ma gueule) avait été soudain vers l’adolescence, embrassé d’un palot fabuleux – et je me rappelle le caractère complètement inexact et inapproprié de ma gratitude pour la générosité du premier patin. Rencontre d’un bien inespéré. Mais presqu’aussitôt le sentiment d’héroïsme s’est effacé derrière celui du mal.
Ma dame, victime comme moi pensè-je d’une soumission au serpent biblique, perdait cependant toute mon estime en me donnant au fil de notre sensuelle promenade, le contact avec quelques morceaux de son corps. Ça n’était pas bien, ne me disais-je même pas consciemment. Ou plutôt, il manquait à cette première femme approchée quelque chose dont évidemment j’ignorais que c’était, au plus profond de moi, l’assentiment névrotique, tissé par une dette familiale que je n’avais pas encore su écluser.

Il faudrait des années de psychanalyse avant de comprendre que, si elle perdait mon admiration, c’était dû au fait totalement inconscient de trahir le souvenir de la douceur maternelle, lors des années premières. La douceur gigantesque de son baiser m’était trahison du souvenir de la douceur qui était venue un jour apaiser mes ouin-ouins de bébé.
Et c’est en mendiant que lorsqu’elle se lassait du Palot j’y revenais (encore un coup de ce langue-à-langue ! encore !) pour me convaincre que ce toucher avait été une appropriation. Alors je me haïssais déjà – puisqu’elle se dérobait – je m’en voulais de mon propre désir, le prenant pour un besoin.- et sa lassitude je prenais ça  pour une mise aux enchères opposée à ce que je prenais pour un appétit : l’habitude, certainement, de confondre autonomie désirante et gestion des besoins alimentaires, digestifs.

Tomi Ungerer.

Sois propre, chéri, m’avait on dit quelques années plus tôt… Certainement s’agissait il d’être un propre à rien. Dans libido j’entendrais encore longtemps hideux bidon livide et en aucun cas ce cadeau glissé dans le maison des villes les plus grises, qui permet -Tomi dessinerait ça si bien, (j’imagine par exemple chaque petite maison de la cité Ungemach dont il était parfois voisin, retour d’Irlande)-  qu’on y perçoive autre chose que les comptes de fins de mois, les odeurs de cuisine et d’évacuation, la liste des travaux à faire, l’appropriation, la location ou le squatt mais aussi les cris de jouissance orgastique.

Se dire que dieu a déposé dans chaque demeure, dans chaque jupon dans chaque pantalon la possibilité d’un jouir c’est peu représenté aux cathédrales mais au contraire des panneaux avertisseurs genre freiner, stop.


Portail cathédrale Strasbourg, Bloßarsch.
Freiner STOP !

Voilà c’est là le souci là le bât qui blesse l’âne bâté par l’exploitation romaine de ses transports amoureux, bâté pour un monde organisé mille, deux mille, cinq cent mille ans avant sa naissance et qui va bien drainer et assécher toute fantaisie dans le désir.
Pour ne plus en faire si possible et malgré l’extrême difficulté, que des besoins, les besoins d’une famille, société, tribu, nation, humanité. La bien-séance va interdire aux sujets soumis comme moi, entre deux révolutions, de faire la part des choses entre un monde de leurs besoins et un monde de leurs désirs – entre un monde des fonctions et un monde extatique du sublime rêvable. 
L’homme de Bien est bien emmerdé pour faire ses besoins…

Rome, Met.

C’est du boulot, il faut dire, d’arriver à arracher le sujet à tout ce dont l’orgasme partagé pourrait l’avertir d’une possibilité d’ex-sistence ( pour ceux à qui on aurait pas encore fait le coup : ex dans existence peut être lu et a été lu mille fois comme le ex de extérieur l’existence serait une façon de se tourner vers l’extérieur, alors que vivre serait juste satisfaire les besoins du dedans, du bidon ) donc c’est vrai qu’il n’est pas facile d’arracher les gens à ce qu’ils découvrent subitement quand ils parviennent à lier la découverte de leur jouissance la plus formidable, la sexuelle, à la présence de quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes.

C’est pas facile, à partir de ce moment, de les enfermer quand même dans la dette familiale, même si leur libido en est on ne peut plus tatouée. Mais avec cinq cent mille ans de domination du sujet par son groupe, il y a ce qu’il faut de méthodes au point pour détourner la fille ou le garçon de tout ce qui ne satisferait pas simplement aux besoins du groupe. On pourrait mettre ça en mélodie. Le titre de la chanson ?  On sera tous des peine-à-jouir.

Ça doit être une des raisons qui faisaient que ma pauvre voisine Sauveuse de livre se faisait cogner par son mec et qui faisaient que son mec se bourrait la gueule jusqu’aux pires abymes de l’horreur, ceux que Dante est même pas capable de décrire dans son infierno. Dettes familiales, frustrations. Mais combien de femmes ai-je moi-même fait pleurer dans un enfer tout semblable et pareillement tissé d’ego ?

Larmes d’un automne 1976
Larmes d’un automne 1976, grange gravée d’amours tristes au long du Goul.

Mais pourquoi, ma doué, qu’on est si massivement chiants ? Au point de voter pour des abrutis dignes du Père Ubu qui sont le miroir de notre frustration collective ? Comment vous ne connaissez pas le goût du deuil ? C’est ça qui nous rend pénibles. L’angoisse de mort ?

Comment le mari de la Sauveuse pouvait il se vautrer sur elle à ce point sinon parce que taraudé par des angoisses de mort qu’il diluait dans ses cuites ? Comment puis-je me vautrer dans l’écriture sinon pour y projeter une existence qui survivrait à l’insignifiance de l’absurde? Pourquoi Tomi Ungerer était il métamorphosé à mes yeux et aux siens par le succès qui est une sorte d’ombre, d’autre fantasmatique ? Ma Sauveuse ne devait pas beaucoup parler mais de temps en temps elle devait hurler, ses fenêtres étaient un peu trop loin des miennes pour que j’entende les échos des scènes de ménage et du langage qu’elles contiennent.
S’aveugler, se débarrasser à tout prix du sentiment de l’insignifiance du moi et de l’absurdité du monde, en exploitant le saisissement d’un regard tiers, c’est ça. Quitte, dans le cas de la brute qui cognait ma voisine, à tout lui reprocher quand son regard apeuré ne le satisfaisait plus par manque d’alcool ou surgissement d’une nouvelle recrudescence de ses angoisses. Quitte, pour les plus délicats d’entre nous, à se fabriquer n’importe quelle substance d’autre, juste pour se sentir moins éteint. C’est fou ce que peut nous grandir ce que nous projetons dans le regard d’un chat de compagnie, d’un enfant qu’on empêche de grandir, d’un mari qu’on hait, d’une foule qui lit nos interviews, d’une œuvre qu’on pomponne.

Création de la femme et de l’homme comme ça s’est présenté un jour dans le cerveau et sous les pinceaux de Hans Baldung Grien.

Comme si le regard d’un autre, des autres, de tout un public, ne pouvait pas franchement périmer le sourire dentu de la faucheuse, la mort, l’extinction.

Comment s’étonner qu’un machin aussi absurde que les deuils fabrique tout un archipel de douleurs ou de manifestations, depuis la colère du mari frappeur jusqu’à la déception des fans d’une star découvrant soudain qu’elle a perdu son aura et son succès, et y ressentant comme le deuil de ce qui, dans l’être-à-l’autre glorieux, ressemblait bien pour ses admirateurs à une promesse d’éternité.

Marthaler. Saignement de Nez à la noce, Dass Weiß vom Ei L’île flottante.

La mort toque à la porte depuis bien plus que cinq cent mille ans justement : bonjour vous allez tous crever, organisez vous un peu. Pourquoi ma voisine s’est-elle elle étonnée, dans un tel cauchemar, que j’aie pu tenter d’être gentil un peu ?
Pourquoi Nina Simone s’est-elle émerveillée, dans un monde aussi cruel, de la générosité de Jacques Brel, au point d’apprendre à chanter son Ne me quitte pas ? Nina Simone, qui se demandait comment survivre, dans un monde privé de Jacques Brel ?

 
Ainsi auraient, éthico-spasmodiquement, accepté de travailler gratuitement tous ceux des toubibs qui ont fait médecine mûs par la même crampe éthique, ceux qui auraient par exemple compris que curé c’était un job où on peut pas savourer l’amour comme il pousse dans la culotte des humains !
Un montant, une somme. La nature du don, la réalité de ce bien chétif offert à la voisine par une quasi-obligation, se chiffrait – un rendu pour un prêté – et ainsi se chiffreraient aussi les biens accumulés par Tomi – fourmi prêteuse et morale. N’entraient dans les présupposés de mon geste aucun qui soit de l’ordre d’une reconnaissance de la voisine : son identité se limitait au mot de misère, aussi faux et niais qu’éloigné d’une connaissance réelle du sujet. Si j’ai avais vraiment chié gamin, j’aurais été le plus rapace et le plus pécunier des rançonneurs et j’aurais crié comme Jacques Lacan jusque dans les escaliers de sa consultation : mon argent ! Mon argent !

Mais tout ne se calculerait-t-il pas à l’aune de ce cadeau immense ensuite : la reconnaissance merveilleuse par ma voisine, battue et piétinée ? Grâce à cette reconnaissance me serait autorisée l’identification de Tomi, à travers une bonne centaine de bavardages partagés. Et à travers lui, un écho du regard porté par la foule de ceux qui le connaissent. Lui le héros.

Tomi le regard plein de reproches, été 2015.

J’ai pu observer comme tous ceux qui l’approchaient, la radicalité de son rapport au bien littéraire, la mémoire millimétrique des apparences qui nourrissait cette radicalité, l’invraisemblable précision de son trait quand la plume se posait au papier pour dire ce qu’il ressentait de ce Réel observé et enregistré.
J’étais stupéfait de le voir agir avec la sûreté d’un grand marin devant la tempête du blanc du papier et devant le flou obscène de l’ignominie humaine – un jour tu fleuriras qu’il me dit, le gars pour me consoler de mon insuccès littéraire permanent.

Claude Gelée, dit « Le Lorrain», Met. Fleurissement des odyssées incertaines. Aventure des traversées, héroïsme des pilotes et des capitaines.

Fleurir ? Être aussi glorieux que lui ?

Était-ce ça, le cadeau de la voisine : me permettre de me croire proche moi-même de la gloire qui auréolait Tomi ? Si je n’ai jamais réclamé les quelques sommes qu’elle me devait à la voisine, c’est bien qu’il fallait s’identifier aux héros : sous peine d’être un déchet.

Il y avait le blanc de leur héroïsme, il y avait la noirceur des traîtres..
Le héros c’est l’enfançon de lamaman, fait roi, au fil du temps, c’est l’adulte qu’une partie de lui se pense devenue. Et qui va régulièrement, guidé comme un drone par l’enfançon qu’il fut et qui persiste, se convaincre qu’il est resté petit dans l’immensité des temples.

Saint Antoine l’Abbaye.

Et il est d’une force ce petit David, d’une puissance surhumaine.

Alors la Sauveuse voisine de mes consultations médicales, me fut reine du ciel en pavant sa vitrine de mes petits bouquins, sous les yeux de passants qui se diraient que j’avais un contrat avec la chaîne de tous les tabacs de toutes les gares de France et de Navarre…

Annonciation. 13° siècle, Met.

     L’héroïsme cependant j’avoue le ressentir quand je m’approche des menhirs et des dolmens, cet état de choses a commencé lors de mes premiers passages en Irlande, où les dispositifs des pierres dressées permettent non seulement une forme de visée céleste et astrale et donc de la mathématique du temps – mais parfois aussi de se trouver au devant de ce mareyement océanique que petit je regardais avec joie depuis la corniche d’Aïn Diab à Casablanca, en  prenant le souffle du vent à mes deux oreilles pour la sollicitude d’une puissance dont je n’avais pas non plus idée d’à quelles lois elle répondait et qui faisait une belle musique, une liturgie formidable.

Aïe Diab, Casablanca, 1956.

La puissance immense du vent océanique chuchotant à mes oreilles m’ébahissais. Je m’inclinais devant la joie de ce bleu. J’aurais certainement été ravi, plus tard, d’être un héros capable de porter des menhirs pour dire cette joie, au fond comme les espagnols portent leurs statues sur des palanquins lourdissimes pendant la semana sancta à Pâques.
Porter quoi ? Des pierres éternelles qui crevaient les yeux dans le paysage irlandais ou dans la vieille Gaule. La force de l’éternité de pierres, tellement opposée à nos crevardises de doryphores. Ces pierres à chérir dans le paysage, pierres dont se saisir un beau jour, ah, trouver comment fabriquer du paysage autour des cadavres, du dolmen autour du pourrissement du corps des héros et du menhir pour pointer l’éternité des cycles.

Deux seins au revers du dolmen de Commana.
Commana, un jour de Juillet 2022.
Commana.
Au chapiteau de Veyrines, au XII° siècle, les mêmes seins.

Oh ! et porter quoi, sinon des morceaux d’éternité, se réunir à cent, à mille pour porter les pierres des dolmens jusqu’au lieu qui un jour…

comme à la cathédrale du Mans où un menhir était collé aux escaliers du portail

Ça manifesterait la fraternité de l’homme et de ce désir d’éternité, la confiance en l’éternité des pierres.

?


On peut se moquer d’une adoration vouée à la durée des pierres, ou se réjouir du souci d’éviter la disparition complète d’un présent une fois qu’il serait passé. S’adosser aux pierres éternelles, faute de théorie, ça repose.

County Cork.

Prêt au martyre de transporter, avec mes contemporains, ce que sont devenus les menhirs au fil du temps puis des siècles des siècles : un fonctionnement social absurde rendu obligatoire par notre explosion démographique, parmi les tours des conurbations… Et puis, outre les modèles de martyre et de héros, il y a aussi le supersage, le scribe, le mage.

Le scribe du Met.

Plutôt qu’un chaos, (alors que les pierres et les dolmens érigés il y a si longtemps, près d’un bois, d’une plage ou au sommet d’une colline, organisaient autour d’eux une magnifique orientation)  l’organisation d’un pouvoir omniscient de régulation et de distribution, dit la loi, même dans la confusion d’un Manhattan ou d’un Shangaï. Le supersage restauré l’image urbaine, planétaire, comme un menhir pointant la stricte loi de l’orientation. Non pas la simple loi céleste d’un retour régulier des solstices : la loi qui rétrécit le monde parce qu’informatique, mais une prise en compte de tout. Ainsi l’idée de l’intelligence artificielle nous tient-elle au pied de nos menhirs urbains aussi fermement que si nous n’étions qu’une petite tribu.

William H. Schenck. The third Avenue Depot, 1859, Met.

La calculette internet est devenue championne dans l’art de rétrécir le monde à la dimension d’un village. Si les temples n’arrivent plus à dominer la skyline des cités, si les cathédrales n’avaient poussé que pour ressembler à des menhirs, afin d’être aussi rassurantes que ces aimables pierres, tout ça héberge des populations suffisamment pullulantes pour écrire une bible chaque jour, que dis-je, chaque heure, rien que pour raconter comment ils ont passé leur journée, que dis-je, l’heure écoulée, et combien de fois combien de docteurs n’ont pas fait payer ses honoraires à la voisine, Sauveuse plus tard de leurs rapports au Bien.

Dorénavant, comme  le net peut déceler chaque comportement de chaque humain ou presque, c’est sous son infaillible regard fait d’équations que se discute le poids du Bien.

Est-ce qu’il ne nous faut pas déjà être beaucoup plus polis que cardinaux au Vatican ou courtisans à Versailles ? Est ce que le  simple fait d’apprendre à  se servir du clavier d’un téléphone ne nous comprime pas dans une gesticulation déférente ?

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Pendant que le regard banquier vérifie grâce au Net que l’erre de chaque gesticulation de la foule humaine soit unie vers les banques, l’Art de la Banque, lui, précisément, étonnamment, énigmatiquement, garde conscience et manifeste quelle est la puissance de l’Art sur le cours des choses et des valeurs, quelques soient leurs algorithmes.
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  Ainsi convaincu d’être martyres, fidèles parmi les fidèles, les pauvres naïfs visitent-ils aux musées ce qui fait et défait la cote boursière de l’instrument de saisissement du jouir de mille maîtres.

Gargouille, Aurélie de Heinzelin, Strasbourg.

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Car prisonniers du drame commun, les pharaons sont incapables eux aussi, le plus souvent, d’avoir fait de leur propre désir la terrible étude.
Etude effroyable, précisément celle dont l’angoisse de mort tente d’écarter le sujet depuis cinq cent mille ans.
Croire aux besoins.

Depuis la géhenne et la tour anonymissime au pied de laquelle chaque jour depuis 1989 je roule mes miettes comme un scarabée j’ai pour seul privilège la joie partageuse qui fait le fond de toute beauté.

Wir sind lebend

Langue, tribus, sang…

La grande ville thésaurise. En finançant des musées pour ceux qui, distraction de visiteurs en quête d’identités, y consommeraient des objets en complète contradiction avec l’inattention dont témoignent leurs quotidiens et leurs logis — mais dont l’accumulation en des lieux adaptés feraient… quoi…, hein, quoi de plus au fond que le prolongement, idéal ô combien mais à quel titre et en quel sens, les musées feraient prolongement des propositions alléchantes que les agences de voyage organisent?

Confutatis Megapole

Personne ne recréera l’effroi harmonique, jamais, qui saisira des foules plus jamais rassemblées suffisamment en aucune bannière.

Sur le poème du Parménide

Sur le poème du Parménide et sur l’enfance duParménide, ce seize novembre deux mil sept.

Dans mon cerveau devenu salon de bowling de la métaphysique (tirer sur quelles quilles.?), la substance de la réunion est donc ce matin une réflexion quant à ce «retour sur le Tout «- retour à la divinité, la Dikè, le chemin de vérité, la visée «juste «- tout ça, métaphysique donc.

La sidérante immobilité

Un système de pensée n’a qu’un intérêt limité en cas de bonheur c’est plutôt la couleur du maillot de bain ou la qualité des musiciens de l’orchestre.

Seventies

Décembre 1978. Un individu portait mon identité, avait vingt deux ans, se sentait libre d’avoir seulement rejoint au quatrième étage ce que sa mère appellerait encore aujourd’hui, malgré sa démence sénile, une chambre de bonne, et que son père, s’il vivait encore et avait eu le bon goût d’atteindre le cent trois ans que ça lui ferait, aurait nommé pareillement, n’ayant jamais franchement voulu retourner à cette langue allemande.

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